ballade en famille ski de randonnée

Un jour, une avalanche, mon père et moi

De Yann Alarçon le 12 janvier 2021

Une journée qui démarre plutôt bien

Lors d’un tournage avec le Club Med, j’étais en snowboard afin de faire quelques vidéos Freestyle dans la station de ski de Valmorel. On était le 23 Mars et la neige se transformait déjà en neige de printemps. Dès qu’on est en hors-piste, on peut appeler cette neige “tapis-moquette” pour sa sensation agréable.
On avait décidé le matin, mon père et moi, après l’ouverture des remontées mécaniques d’aller faire un des sommets mythiques de Valmorel : Le Cheval Noir.
On a pris le télésiège du Mottet et une fois au sommet nous devions partir directement en dessous du Cheval Noir (2832m). Les cameras man du Club Med nous ayant repéré à ce moment là, ils nous ont promis des vidéos en drone de cette petite ascension.
Après une petite descente au pied du Cheval noir, nous mettons les peaux. Il fait chaud alors qu’il est encore tôt et la neige a l’air de transformer rapidement. L’équipement est bien en place, les DVA fonctionnent. On commence par traverser la face et nous allons monter ensuite par la combe pierreuse. Nous avons environ 600 mètres de dénivelé à faire jusqu’au sommet.

Un skieur en ski de randonnée montant à travers une face à Valmorel
Une belle journée en montagne

Rejoindre l'arête Sud

Les peaux étaient déjà trempées et on bottait tous les deux beaucoup. J’ai dû changer et prendre ma 2ème paire de peaux. Le but était ensuite d’arriver sur la crète Sud du Cheval Noir. Avant cela, il fallait traverser une longue partie. Je faisais quelques photos et laissais donc une marge de distance avec mon père devant moi.
Ce bruit, je m’en rappellerais pour toujours.

Entendre le bruit d’une plaque qui part, c’est un bruit grave et lourd, comme un coup de tonnerre mais dans la montagne. C’était assez irréel comme moment et jamais on n’aurait pu penser qu’une plaque parte à cet endroit.

Quand j’ai commencé à visualiser que ce bruit était en fait une avalanche, la réalité m’a frappé de plein fouet. J’ai compris qu’une plaque venait de partir au moins 50m au dessus de nous. Elle était assez large mais pas trop épaisse, elle n’est donc pas partie vite. Cela m’a permis de reculer le plus rapidement possible. Je criais sur mon père en ayant peur qu’il se fasse prendre. Lui courait, essayant tant bien que mal d’esquiver l’avalanche. Par chance, elle n’a pas eu le temps de prendre beaucoup de vitesse, elle était lourde et glissait doucement avec de la neige compacte. Mon père est tombé en essayant de courir avec les skis.

À ce moment là, j’ai eu très peur mais j’étais très concentré sur le fait de surveiller où mon père pouvait être traîné et embarqué. Mon but était de garder mon sang froid et toute la concentration possible pour dégainer et sortir mon DVA et le chercher.

Ce jour-là, mon père a eu le bon réflexe de se tourner face à l’avalanche et de bloquer avec ses skis la neige. Vu que la coulée n’était pas très rapide ni trop forte, elle l’emporta tout doucement. Elle le traîna plusieurs mètres plus bas, sans l’ensevelir. En fin de compte, il se stoppa, la neige jusqu’au cou. L’avalanche, elle, avait gonflé sur son flanc gauche et était descendue bien bas.

Un skieur de randonnée debout à coté d'une avalanche à Valmorel
Plus de peur que de mal

On réalise que tout va très vite

Mon père a alors pu sortir sans mon aide, la seule chose qu’il avait perdu était ses lunettes, c’est tout. Après être revenu vers moi, après quelques échanges assez brefs sur ce qu’il venait de se passer, il a compris une chose importante. J’avais eu peur et cela aurait pu mal finir. Il a décidé de continuer à grimper et de finir cette ascension. Il savait que si on s’était arrêté là, j’aurai sûrement eu toute ma vie peur de remettre les pieds en hors-piste.

Je n’étais pas serein, je n’avais pas encore une grande expérience dans le hors-piste. Je connaissais les gestes importants à faire, la sécurité, mais je manquais de confiance.
Au moindre craquement, un battement cardiaque de 100 pulsations à la seconde arrivait avec une petite sueur au front. Mon père me rassurait à fond pour que je sois confiant. Sur la fin de l’arête, les skis étaient sur le dos, c’était bien plus rapide de finir à pied.

Une personne grimpant à quatre pattes la montagne avec ses skis de randonnée dans le dos à Valmorel
Son attitude m'a permis de garder confiance

Sans cela je n'aurai sûrement pas pu continuer

On a pu finir cette montée, on a bu du thé et mangé des barres de céréales au sommet en regardant la magnifique vue du sommet. La descente face Sud était assez gelée au départ puis on a pu faire quelques virages parfaits dans une neige fraîche. La descente était un petit régal mais je sentais que je n’avais plus beaucoup de force et que le stress avait pris toutes mes calories.

J’ai su plus tard, que mon père avait pris sur lui et il avait eu un contrecoup de cette expérience avec moi. Il a su se gérer et continuer consciemment et prudemment cette fin de montée. Il le faisait pour moi comme pour lui, afin de surpasser la peur que l’on venait de vivre.

Aujourd’hui, cette expérience a laissé une trace dans ma pratique du ski. Je fais beaucoup plus attention, je lis attentivement les Topos, je me renseigne vraiment sur les conditions de neige, sur le BRA ainsi que sur les règles à suivre en ski de randonnée. Le fait que j’ai été loin de mon père et d’avoir laissé de l’espace nous a permis de ne pas se retrouver dans une situation critique. Malgré le faible danger assuré par les pisteurs, cette fois-ci il était bel et bien présent. Il faut alors redoubler de vigilance.

Vue du sommet du Cheval noir des montagnes et de leurs sommets enneigés
Pourtant que la montagne est belle

Belle mais toujours dangereuse

Une expérience riche en émotions. J’ai laissé ma trace en ski, la montagne a laissé sa trace dans mon esprit. Aujourd’hui, j’aime encore plus fouler les pentes hors-pistes, mais je reste maintenant plus vigilent.

Yann Alarçon Passionné de Trail et de Montagne

Grand amoureux de la montagne, j'aime y être plonger et la voir dans tous ses états. J'aime partager des moments forts en émotions avec les gens que j'aime

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